Après l’excellent billet consacré la semaine dernière à l’usage du vouvoiement ou du tutoiement par les reporters de la presse audio-visuelle lors de leurs interviews, il nous semble utile de revenir sur cet épineux problème, source de bien des malentendus.
L’usage du « vous » peut être une forme de politesse qui vous amène à vous adresser à une seule personne comme si elle était plusieurs. Mais le « vous » peut également s’adresser à plusieurs interlocuteurs, même si pour chacun d’entre eux vous auriez utilisé le tutoiement si vous les aviez abordés séparément. Jusque là, vous suivez ?
Dès lors, si parmi l’ensemble de personnes à qui vous vous adressez en utilisant le « vous » pluriel, il s’en trouve certaines que vous auriez normalement tutoyées, comment savoir à qui s’adresse particulièrement le « vous » de politesse noyé dans le « vous » pluriel ? Vous suivez toujours ?
Imaginons que dans le groupe figure une personne que vous ne pouvez pas ne pas vouvoyer, mais que cette personne pense que vous la vouvoyez uniquement parce qu’elle fait partie d’un ensemble, et que vous l’auriez peut-être tutoyée si elle avait été seule. Elle risque donc d’être particulièrement vexée, par le jeu des suppositions. Et de venir vous trouver « Je ne vous vouvoie pas, je ne vous permets pas de me tutoyer. Non, mais ! Goujat ! »
A l’inverse, quelqu’un que vous tutoyez habituellement dans l’intimité se demandera pourquoi tout-à-coup vous le vouvoyez quand il est en présence d’autres personnes. Blessé, il viendra vous trouver « Eh, grand, tu me vouvoies maintenant ? Tu te la pètes ? ». Ou dans le cas d’une relation plus intime « Alors mon biquet, tu me vouvoies maintenant ? ».
Donc, vous en conviendrez, le problème n’est pas simple. D’autant que les partisans du « tu » généralisé se voient confrontés à une défense acharnée des adeptes du « vous » à tout prix.
Notre suggestion : recourir à l’usage de la troisième personne, à l’instar du marchand de légumes « Et la petite dame, elle veut quoi ? », des parents gâteux « Il a fait un gros dodo le coco ! » ou de l’amant prétentieux « Alors, elle aime ça, hein, la coquine ».
Dans un prochain billet, nous aborderons le « nous » majestatif. Enfin, je. Restons modeste !
Donc, voilà,