EN DIRECT DU DIFFÉRÉ

Alors que la télévision nous sert de plus en plus d’émissions enregistrées, n’accordant plus le privilège du direct qu’aux journaux télévisés, matchs de foot, funérailles nationales de chanteur de variétés, attentats, bénédiction urbi or not orbi, et autres thé deum à la menthe, tandis que les solitaires et déprimés passent leur soirée de la Saint Sylvestre devant un réveillon mis en boite au mois d’octobre accentuant ainsi un sentiment d’abandon que pouvait atténuer une certaine communion avec les animateurs jadis en direct, maigrement compensé par l’idée que d’autres solitaires et déprimés regardent en même temps la même émission différée , les radios, elles aussi, alternent émissions en direct, émissions enregistrées, rediffusions et enregistrements dans les conditions du direct. Il se murmure que même les bulletins des routes seraient enregistrés la veille, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’annoncent pas la situation mais au contraire la provoquent. Ainsi, l’annonce d’un bouchon inexistant aura pour effet de modifier les comportements des conducteurs qui provoqueront ainsi un embouteillage qui n’aurait pas existé sans la diffusion dudit bulletin, rendant ainsi crédible le contenu de celui-ci. Il en va de même pour les accidents : l’annonce d’un accrochage qui n’a pas encore eu lieu déclenchera un réflexe de curiosité, source du carambolage annoncé. Prudence donc !
Donc, voilà,